LES ENFANTS DE CARIGNAN IRONT DESORMAIS AU COLLEGE NELSON MANDELA (ex DU MANOIR) A FLOIRAC LA SOUYS

« La décision est inéluctable » avait déclaré depuis plusieurs mois le Maire Jean JAMET. Cette « fatalité » a donc conduit les responsables départementaux, sentant une bonne oreille les comprendre, à décider que tous les enfants sortant du primaire de Carignan iraient désormais non plus à Latresne mais au collège de Floirac La Souys dans le bas Floirac, dénommé Nelson Mandela (anciennement Yves du Manoir). 

Sans nier le caractère difficile de l’exercice, notons que toutes considérations de bon sens ont été éclipsées par une volonté politique dont le même JAMET a écrit que Carignan en était une « variable d’ajustement. »

UN PEU D’HISTOIRE.

En 2004 – 2005, plusieurs communes de la communauté de commune des Coteaux bordelais qui venaient de naître furent invitées par les autorités départementales à ce que leurs enfants délaissent le collège de Latresne pour celui de Rayet dans le haut Floirac. Raisons invoquées comme aujourd’hui : saturation du collège de Latresne (plus d’élèves que de places, le collège atteignant les mille pour 900 places, investissements importants à Floirac Rayet à moitié plein à l’époque. Devant les arguments de responsables communaux, notamment pour Carignan le principe de proximité géographique, seul Fargues-Saint-Hilaire et quelques autres communes prenaient le chemin de Rayet. Par la suite et comme si les jeux étaient déjà faits, était puissamment modernisé le collège Yves du Manoir devenu Nelson Mandela dans le bas Floirac que nous appellerons La Souys. Pour n’accueillir finalement que moins de 250 élèves pour 600 places destinées principalement à l’énorme chantier en cours des constructions d’habitation dans le bas Floirac, notamment sur l’emplacement de l’ancienne cimenterie.

En 2012, le département qui a en charge la construction et la gestion technique des collèges invitait Carignan à rejoindre Nelson Mandela. L’invitation était pressante.

Le Conseil départemental de l’Education nationale dans sa séance du 16 Novembre 2012 a finalement donné son approbation à la proposition du Conseil général de transférer  tous les élèves de Carignan à Nelson Mandela (ex Yves du Manoir).

UN PEU DE POLITIQUE

Le conseil municipal de Carignan précise dès le mois de Novembre-Décembre 2012 qu’il ne partage en rien cette décision.

Il souligne qu’un collège sur la Communauté de communes serait largement justifié : 629 élèves de la Communauté de Commune sont dans  des collèges publics, 283 dans le privé. Sachant que la population augmente de 400 personnes par an, il est important que la Communauté de communes se dote d’un collège. Le Conseil municipal demande le soutien actif des parents d’élèves des communes concernées (Bonnetan, Camarsac, Pompignac, Tresses, Carignan, Salleboeuf , Fargues) pour aider à régler à terme ce problème. 

En effet, si les constructions qui étaient prévues à Floirac et qui ont été reportées compte tenu de la situation économique, finissent quand même par se réaliser, Mandela ne pourra plus accueillir les  enfants de  Carignan qui devront alors intégrer le collège maintenant fini aux abords de la gare de Bordeaux !!

Tout a déjà été dit sur le sujet. Le plus désagréable est que justement tout a été promis, y compris des mesures de tempérament, de sursis, de compromis et autres propos rassurants. Ce avec la fermeté de ceux qui savent ce qu’ils avancent et connaissent parfaitement leur dossier. Pour arriver à ça ? 

UN PEU DE REALITE ET DE DROIT

De Carignan à Mandela, plus du double de distance par rapport à Latresne, et donc largement plus du triple de temps, compte tenu des feux et autres embouteillages, Carignan la plus proche commune du collège de Latresne (avec Cénac), le collège de Mandela relevant d’un milieu urbain fort éloigné du cadre de vie des Carignanais, carte scolaire Nelson Mandela largement affectée de dérogations même pour ceux qui en sont apparemment les plus soucieux ou qui devraient l’être, collège de Mandela prochainement saturé quand les programmes de construction de Floirac La Souys seront terminés. A cela, il est répondu que Carignan va équilibrer les niveaux et les populations, que le collège de Latresne est saturé et que celui de Mandela est vide mais très bien équipé, que les transports scolaires viendront pallier les distances à parcourir. Madame PHILIPPEAU ex-adjointe au Maire de Carignan a été même jusqu’à dire « Et pourquoi pas, alors, accepter de laisser partir tous nos enfants à Mandela. Ce serait fait avec panache et ce serait même un pari sur l’avenir. »

Toutes les solutions de compromis même les plus abracadabrantesques ont été avancées : comme par exemple de couper la commune en deux, les enfants du sud restant à Latresne, les enfants du Nord allant à Floirac.

Une association de parents d’élèves s’est formée qui a protesté et menacé de faire un procès en désespoir de cause, essentiellement dans ce qui même n’était plus négociable au mépris des règlements : le maintien des élèves déjà scolarisés à Latresne et que l’on menaçait de transférer à Floirac. Les plus hauts responsables politiques du département venus à Carignan pour inaugurer l’agence postale communale et le pôle solidarité recevaient le 9 février 2013 les parents d’élèves qui s’y étaient invités. Député, Sénateur, Président et Vice-Président du Conseil général ou de la Communauté de communes ont délicatement « tapé en touche » en disant que la décision appartenait du directeur académique des services de l’Education nationale.

Un échange de courrier s’en est ensuivi que nos lecteurs soucieux de se faire une idée sur cette affaire de première importance voudront trouver ci-dessous. Ils constateront que ce qui était impossible l’est devenu par l’acharnement d’un groupe de parents : comme quoi, les choses ne sont pas aussi « inéluctables » que l’on veut bien le dire, surtout lorsqu’il s’agit enfin d’appliquer une règlementation en vigueur.

Question subsidiaire : que vont devenir les milliers d’euros que la commune de Carignan a versé pour la construction du gymnase du collège de Latresne désormais interdit aux Carignanais ? Ce depuis des années. Leur remboursement serait de la première justice. Or cette question n’a fait l’objet jusque là d’aucun commentaire, voire même d’aucune demande.

Ci-dessous, l'échange de courrier entre monsieur le Recteur et l'Association de Parents d'Elèves

 

Par christian boisson

Grosse colère des parents

COLLÈGE. La réunion organisée mercredi soir au collège Nelson-Mandela de Floirac pour les parents de collégiens carignanais a tourné court avec un boycott quasi général des familles qui ont décidé de quitter très vite la salle

Les parents en colère ont très vite levé le siège de cette réunion. (photo C. B.)

A l'initiative de Sonia Setbon, principale du collège Camille-Claudel de Latresne, une réunion a été organisée mercredi soir au collège Nelson-Mandela de Floirac à laquelle avaient été conviées toutes les familles carignanaises concernées par le rattachement de leur(s) enfant(s) au collège de Floirac à la rentrée prochaine.

Pour mémoire, le Conseil général envisage de longue date de désengorger le collège de Latresne actuellementen sureffectif (915 élèves pour une capacité de 900) pour remplir le collège Nelson-Mandela de Floirac, un établissement flambant neuf mais rempli à seulement 50 % de sa capacité (250 élèves pour 500 places). La décision conjointe de l'académie et du Conseil général étant actée à présent, les familles concernées par celle-ci ont été informées qu'à la rentrée prochaine tous les élèves de 6e, actuellement en CM2, rejoindront le collège floiracais - ce dont tout le monde se doutait -, mais également les élèves scolarisés cette année en 6e et 5e à Latresne et c'est là que le bat blesse.

 

Une soirée d'informations

Le but de la réunion de mercredi soir était d'informer les parents sur les modalités d'accueil de leurs enfants à Nelson-Mandela. Claude Legrand, le directeur académique, était présent pour dissiper selon ses propres mots « les inquiétudes des parents ». Peu avant cette réunion, Claude Legrand a accepté de s'exprimer : « Cette réunion avec les parents se veut une soirée de dialogues et d'échanges, a-t-il précisé. Il s'agit de bien expliquer comment les choses se dérouleront à la rentrée prochaine et aussi rassurer ces parents car je sais qu'il y a des inquiétudes de leur part. »

Pascal Mégard, le principal du collège Nelson-Mandela était également présent pour expliquer aux familles le déroulement de la scolarité dans son établissement. Quant à Sonia Setbon, hermétique à toute déclaration, elle ne put qu'admettre, sans le contester, que la mesure fixée pour la rentrée prochaine allait vider son collège et le plonger en sous-effectif. « C'est vrai, a-t-elle convenu du bout des lèvres, mais de nouveaux habitants grossiront dans le futur les huit communes rattachées à notre collège et notre effectif repartira alors à la hausse. »

Les parents s'en vont

Tout s'est corsé très rapidement dès le début de la séance selon les témoignages des familles. Le ton est monté dès que Claude Legrand a commencé à expliquer les modalités d'accueil des enfants. « Nous ne sommes pas venus pour ça », lâche un père en colère. L'ambiance électrique plombe aussitôt le débat. Les parents d'élèves estiment de concert « qu'on les a fait venir pour les ''baratiner'' et non pour les écouter et répondre à leurs attentes. » Les réflexions fusent de tous bords et d'un commun accord, les familles se lèvent et quittent la salle pour échapper à ce qu'ils qualifient de « mascarade ».

Ne restent sur leur siège que trois ou quatre couples. « Nous avons été invités à cette réunion pour n'entendre que du bla-bla sur Floirac, raconte Marie-Pierre Ahabchane, une mère très remontée. Notre collectif avait envoyé un courrier à l'académie avec copie au Conseil général pour revendiquer notre désapprobation de cette décision contraire au texte de loi (lire entrefilet), malgré les promesses qui nous avait été faites. Il est hors de question que nos 6e et 5e à Latresne aillent à Mandela. Le directeur académique ayant refusé de répondre à nos questions, nous sommes partis. »

Pierre Charrier, père d'un élève, tient le même discours. « Nous ne sommes pas venus pour entendre que tout est beau et tout est gentil à Floirac, dit-il. Il n'est pas question de déplacer les collégiens déjà scolarisés à Latresne. Devant la tournure que prennent les choses, nous allons prendre un avocat pour nous défendre. Pas question d'abdiquer. »

Mustafa et Ayse Ozturk sont vraiment inquiets. « Notre fils est en 6e à Latresne, disent-ils. Il vient déjà de quitter son école l'an dernier et on nous demande qu'il change encore d'établissement. Il en sera bien trop perturbé. » L'affaire est loin d'être terminée…